================ 1860 – 2020 : 160 ans du Collège-Lycée MENNAIS ====================

 

FRÈRE YVON DENIAUD : 50 ANS DE VIE RELIGIEUSE (1969-2019)

Le 4 juin 2020 j’ai reçu ma nomination de visiteur des Frères de Polynésie française de la part du supérieur général des Frères de La Mennais (Ploërmel), Frère Hervé Zamor, élu en 2018 pour six ans. Je succède au Frère Rémy QUINTON, désormais directeur de l’Ecole d’Agriculture Saint-Athanase à Taiohae. Merci, Frère Rémy, pour ces trois années intenses, où tu as dû mener de front la direction d’un établissement et le souci des Frères et des Etablissements sous tutelle, aux Marquises et à Tahiti.

Voici quatorze années que je suis à Tahiti. J’ai été un an et demi à la communauté La Mennais, quatre ans et demi à la communauté St-Hilaire, six ans à la communauté François d’Assise et deux ans à ce jour à la communauté St-Hilaire. J’ai terminé mes années d’enseignement en philosophie de 2006 à 2012. J’ai continué à faire de la catéchèse et de la formation biblique pour adultes jusqu’à présent.

Avant de venir à Tahiti, j’ai été secrétaire général des Frères à Rome pendant neuf ans (1997-2006). Auparavant j’avais enseigné dix ans (1987-1997) au lycée St-Louis à Saint-Nazaire, la fenêtre de mon bureau donnant sur l’estuaire de la Loire.

Si on remonte encore le temps, j’ai enseigné six ans à Ploërmel (1981-1987) après quatre années d’études en théologie à Rome (1977-1981).

J’ai fait le service militaire d’un an (1976-1977) à Mont-de-Marsan, après mes quatre premières années d’enseignement à Derval (1972-1976).

La vie passe vite, comme chacun le sait. Nous sommes sur une trajectoire que nous ne pouvons pas arrêter, tout juste légèrement modifier, non sans hésitations et à-coups, avec de nombreux hauts et des bas sans doute plus nombreux encore ! Le Frère a conscience de ne pas être seul. Dieu, à qui il a consacré sa vie (Dieu Seul), l’accompagne et lui parle par les événements et les rencontres diverses. Généralement il ne regrette rien en dehors de ses infidélités. Dieu le comble.

Je peux en témoigner en voyant ces beaux paysages de Saint-Hilaire. Quelle chance que d’avoir sous les yeux ces bougainvilliers, cette vue sur Moorea, ce silence ! Quelle chance de passer à côté de bien des soucis, comme le disait Saint Paul lorsqu’il conseillait de vivre à la manière du Seigneur cette vie de pauvreté, de chasteté, d’obéissance. « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné en plus ! » Elle est vraie, cette parole, je l’ai expérimentée.

Quelle chance aussi de vivre avec des Frères, dans la foi. Des Frères que l’on a pas choisis mais que Dieu nous a donnés. Nous les accueillons dans la foi et l’amour de Dieu, dépassant toute sympathie ou antipathie naturelle. Et quelle joie, de se retrouver le dimanche autour d’une petite prière à Marie et d’un repas fraternel.

Et puis il y a la mission… Chacun la vie à sa façon, selon sa grâce. Que dirai-je à ce sujet ? J’ai toujours eu l’impression que cette mission m’échappait, que je n’étais pas à la hauteur pour la remplir. J’ai beaucoup travaillé pour innover, me renouveler… et, à la fin, j’avais l’impression d’un peu de sable qui me filait entre les doigts. J’avoue avoir eu peu de « retour ». Je me suis souvent consolé en pensant qu’un succès trop rapide n’est pas nécessairement signe de fécondité. « Si le grain ne meurt, il ne porte pas de fruit, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » A la grâce de Dieu : Lui sait si j’ai voulu faire de mon mieux, si je ne suis pas fait trop d’illusion. En tout cas je crois pouvoir consoler ceux qui ont un sentiment d’échec.

Un regret… Avoir été un Frère sans doute admirable (si j’en crois les flatteurs), mais sans doute peu imitable (si j’en crois le manque de vocations de Frères). Mais laissons à Dieu la gestion de ses témoins. L’Eglise est promise à l’éternité, pas les Congrégations. Faisons confiance et restons en paix. « Sachez, nous disait Jean-Marie de La Mennais, que Dieu n’exige rien de plus de vous que ce que vous faites. »

Merci, mon Seigneur. Merci à vous, les jeunes, les membres des communautés éducatives, le clergé, les Frères, de m’avoir aidé tout au long de mes 50 ans de vie religieuse. Je suis prêt à continuer, sous une autre forme, désormais, mais avec la même efficacité de l’Esprit Saint. La mission se termine au dernier souffle.